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MOON, le Guétali spatial, revue culturelle de la Réunion
12 mai 2011

MOON n°2 / Goût et Odorat / Réunion An 3069

(Expertises de nos deux meilleures observatrices du futur)


Observation n°2

Ilôt nord (ex-île de la Réunion), 16h, le 25 février 3069.

 

La tomate qui a changé la face du monde 

A la lecture des textes anciens, nous prenons connaissance de la tragique histoire de la tomate phosphorescente : la Tomfo. Afin de rendre plus ludique les plaisirs de la gastronomie, les industriels avaient lancé sur le marché les tomates phosphorescentes. L’accueil du produit fut enthousiaste et il devint à la mode. Les soirées branchées proposaient des cascades de jus de  Tomfo dans lesquelles tous les convives plongaient pour s’en abreuver, on mangeait des caris en sauce lumineuse, préparés par des chefs réputés. Tout le monde voulait être invité à ces soirées orgiaques, appelées les « VampirNight Tendance ». Les plaisirs de la vie etaient liés au plaisir gustatif : les industriels l’avaient bien compris.

Mais l’arrivée d’un parasite redoutable pour ces fameuses tomates paniqua les marchés. Des pesticides puissants furent utilisés et finirent par se répandre sur toutes les cultures. Malheureusement, cela engendra une catastrophe écologique irréversible. Tous les organismes vivants, éléments nutritifs, furent decimés, rendant alors la terre stérile.

Aujourdhui, la vie s’est organisée sous l’eau, la nourriture est devenue très fade, sans aucun goût, ni odeur ... Mais nous n’avons aucun point de comparaison, la diversité des saveurs et les sensations qu’elles procurent n’étant plus en mémoire. 

Pourtant, par un incroyable hasard, la source de biodiversité a été préservée, sur l’île voisine, Madagascar.

 

Madagascar, laboratoire gastronomique à ciel ouvert

(près d’Antsirabe, 4h, le 4 mars 3069)


Nous voici enfin à Tritriva, aux abords d’un lac, ancien cratère. Le sol noir, très riche et les températures humides ont favorisé la survie d’une forêt incroyable. Ce lieu, longtemps resté sacré et craint, a été préservé. Des arbres très haut, en parasol, ombragent et humidifient tous les sous-bois, ce qui nous permet de rester de jour sur la terre ferme, sans avoir peur des températures.

Des plantes-alicaments s’y sont dévelopées : à l’image de cette fleur carnivore à l’odeur pestilentielle, qui attire pourtant mouches, insectes et petits animaux insoupconnés ... Une fois pris au piège, englués dans un sirop gluant et sucré, la plante commence à digérer. C’est à ce moment qu’un de nos scientifiques s’est pris à goûter la mixture, attiré à son tour par l’effluve qui commencait à muter en un doux parfum. En goûtant un insecte englué, on est surpris par son goût raffiné et subtil. Les propriétés médicinales de ce mets se sont depuis avérées très nombreuses.

  

La nature sous perfusion ...

 

Les scientifiques se sont ainsi petit à petit improvisés chefs gastronomiques, en quête d’une cuisine parfaite alliant goût et santé. Les visiteurs, sensibilisés à l’environnement peuvent alors goûter les différentes saveurs, mais aussi s’imprégner de la nature en étant sous perfusion avec un liquide à base de plante, confectionné par les chercheurs. Ce liquide permet de garder en soi pendant 24h les sensations vécues lors de ces journées portes-ouvertes, notamment les goûts et saveurs qu’il est devenu impossible de retrouver sur les ilôts réunionnais ...

 

Solen Coeffic

(Divagation créative après une conversation très scientifique sur les plantes et Madagascar,

merci à Stéphanie Alvarez)

 

Observation n°2 bis

Piton des Neiges, Point chaud, 06h28 du matin, le 09 mars 3069.

 

Dîner en compagnie des autochtones.

Culminant aujourd’hui à 1569m d’altitude, le sommet du Piton des neiges est une zone classée orange par les « Lois solaires de 3110 ». Bien moins dangereux que l’Everest, le Makalu ou l’Annapurna, ce sommet joue pourtant un rôle particulier dans le sud-est de l’Océan indien. En effet, sa situation lui confère un avantage considérable : la cuisson naturelle des aliments.

 

Cuisson basse température ...

 

Etant donné l’altitude modérée du Piton, le climat nocturne reste apropprié à la vie humaine. La journée, le site fait office de four pour la communauté, qui y dépose ses denrées crues avant de regagner les fonds sous-marins. Quand la nuit tombe, les aliments, cuits pendant douze heures à une température douce, ne dépassant jamais les 80°C, sont prêts à être dégustés.  

... et viande sous-marine.

 

Bien entendu, le rythme de vie, s’adaptant aux conditions climatiques, s’est inversé, et au moment où je vous écris, nous terminons de dîner.

Oursins en entrée, et poulet marin à la sauce d’huître en guise de plat. Depuis qu’ils vivent sous l’eau, les autochtones ont réduit leur quantité de nourriture et font l’impasse sur les desserts, au risque de couler ... Quant au poulet marin, dont je découvre la saveur pour la première fois, il possède l’avantage d’être pré-salé. En effet, la plupart des animaux d’élevage que comptaient l’île, ont subi les mêmes mutations génétiques que les humains. Dorénavant doté de caractères amphibiens, le poulet marin évolue sous l’eau de la même manière dont il vivait sur terre : dans un parc (marin).

Pour acompagner leurs caris, les autochtones font à présent appel aux algues, étant doné l’impossibilité de cultiver quoi que ce soit à la surface de la terre.

 

06h54 : le soleil se lève. Nous retournons sous l’eau ...

 

Léa Szkaradek

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